jeudi, novembre 01, 2007

Le supplice de Tantale (Jeudi 1er novembre)

OK, je ne suis pas censé écrire durant les jours où mon moral est bas, mais allons-y quand même...

Mon entretien d'hier s'est vraiment bien passé, j'étais très content de moi et comme d'hab, d'une humeur radieuse en en sortant.

Par contre, mon entretien de ce matin, pour le truc lié à l'éducation, a été un peu moins... hum... amical. Trois personnes en face de moi, ayant l'air assez profondément ennuyées d'être là, mais j'ai fait de mon mieux et je m'en suis bien sorti je pense. Même s'ils avaient l'air assez soulagé que l'entretien se termine, toute tentative de digression étant savamment éludée.

Venons-en au résultats de ces entretiens, car j'ai eu mes retours :
- celui d'hier, job que JE VEUX : le mec m'a beaucoup apprécié, m'a trouvé intelligent, adaptable, pense que j'ai parfaitement fait passé mon enthousiasme et le fait que j'apprends vite et bien. Mais, car il y a toujours un mais, il continue les entretiens avec d'autres car il a peur que toutes leurs technologies soient un peu trop dures à assimiler par mon cerveau ramolli par une année "sabbatique". J'ai appelé le recruteur, un mec très très gentil, et il m'a remonté le moral, me disant que c'était 50-50... A suivre...
- celui de ce matin, que je pourrais accepter : contre toute attente, ils m'ont apprécié, mais ont des doutes sur mes capacités techniques après cette année alcoolisée et veulent que je produise des preuves de mon travail en France... Et merde... Comment??? Tout le travail que j'ai produit en France ne m'appartenait pas! Ils étaient la propriété de mes clients ou de ma boîte, je n'ai rien emmené avec moi... Alors ça va être difficile de démontrer quoi que ce soit... Peut être vont-ils me demander de leur fournir un travail pour prouver mes compétences... Chier... A suivre...

Tout ça pour dire que je suis fatigué. Je perds la flamme, comme un jour sur deux. Marre de ce grand huit dans mes émotions, marre de tout donner en entretien, de m'entendre dire que les gens m'apprécient énormément, mais qu'ils doutent de mes capacités techniques à me remettre en selle. Hier, j'étais tout sourire, aujourd'hui, je n'ai qu'une envie : rester en boule sur le canapé. Sauf qu'au lieu d'attendre, il me faut lutter, rappeler des gens, trouver d'autres pistes au cas où...

Je sais que tout ça est l'éternelle complainte du chômeur, mais comment garder la foi? Cette année de break a été la meilleure décision que j'ai prise dans ma vie, j'en suis heureux. Je suis maintenant bilingue et au moins, tout le monde apprécie mon niveau d'anglais. Mais d'un autre côté, je pense que ça aura été la pire erreur de ma vie en ce qui concerne ma carrière... Et après des dizaines d'entretiens, et invariablement toujours la même réponse, je me demande bien quelle peut être la solution à tout ça?

Le marché du travail est assez bizarre ici, je m'explique : il y a des postes pour les jeunes diplomés, payés à coup de lances, et il y a des jobs pour les "expérimentés" (dont je suis) ayant 5 ans d'expérience ou plus. Mais entre les deux, rien!! Alors je ne peux postuler pour les postes de jeunes diplomés car on va me rire au nez en me disant que j'ai trop d'expériences mais les autres offres me passent sous le nez pour cause de "pas sûr de l'état de votre cerveau". Enigme insoluble...

Un dernier mot pour lever le voile sur mes émotions : le titre de ce post est "Le supplice de Tantale". Ce personnage mythologique, d'après mes souvenirs, a du faire une connerie et s'est trouvé puni par les Dieux. Il doit passer l'éternité les pieds dans une rivière, sous un arbre regorgeant de fruits. Mais quand il se baisse pour boire, l'eau disparaît, et lorsqu'il lève une main pour attraper un de ces appétissants fruits, ils disparaissent de même. Il est destiné à souffrir de la faim et de la soif, à jamais, alors que tout lui paraît à sa portée.

Cette parabole illustre mon sentiment. Je vais toujours jusqu'au dernier stade des interviews, histoire de me donner l'espoir, de bien faire connaissance avec les personnes, leur métier, la philosophie de la société... De bien me faire envie, de me rendre euphorique à l'idée que, enfin, ça pourrait marcher. Mais arrive toujours ce dernier instant, cette désillusion, où on me dit que finalement, ça va pas être possible. Et la chute est toujours très rude... Et retrouver le courage et la motivation de se remettre en selle pour d'autres interviews, de redonner encore une fois le meilleur de moi-même, est de plus en plus dur.

Voilà pour aujourd'hui... Rien de nouveau me direz-vous... Non, rien de nouveau, c'est bien ce qui est lassant...

Enfin, petite anecdote de la journée : le recruteur avec qui j'ai partagé ma petite parabole m'a dit que je lui faisais penser à Cantona... Il fut célèbre un temps outre-Manche pour ses pensées bizarres et autres paraboles pseudo-poétiques. Souvenez-vous des mouettes qui suivent le bateau (ou quelque chose dans le genre), c'était ça, sa prose! Et bien voilà, je suis le nouveau Cantona... La thune en moins... Youpi...

4 commentaires:

Chris a dit…

No coment...

Enfin, si, on a fait le choix de partir, on galère , c'est clair, c'est pas du tout ce qu'on aurait pu rêver de notre vie "ailleurs", mais , au moins on a prit une lourde décision, on a grandit, on apprend à se battre contre cette F*** réalité, non ce n'est pas un échec , je suis sûre qu'il y a un moyen de rebondir, quitte à s'orienter vers quelque chose de nouveau ...
Un prof m'avait dit ca après mon échec au bac : " Dans 5 ans vous aurez oublié", et c'est vrai, maintenant je réalise que c'etait pas la fin du monde , alors que sur le moment, il y avait rien de pire...

Bref, ne baisse pas les bras !

Bisousss

Joe a dit…

salut fred, ça fait un bail que j'étais passé par ici.
Je vois que tu es toujours en recherche de taf, et que le moral est ... ébranlé.
Je ne peux que t'encourager, d'ici, Bruxelles. Quoiqu'il arrive, cette année londonienne aura été riche en rencontres, en expériences de travail, en vie culturelle. C'est déjà pas mal, non? La suite va certainement arrriver.

Anonyme a dit…

"Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est parce qu'elles pensent que des sardines seront jetées à la mer"

Fred a dit…

Merci Toky, c'est effectivement la vraie citation! :o)

Question : je suis la mouette, le chalutier ou la sardine? ;-)